Moins de CO2 pour plus d'emplois ? (archive)

Publié le par evergreenstate

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Moins de CO2 pour plus d'emplois ?
A la veille du sommet de Poznan sur le climat, une étude du WWF France soutient que réduire de 30% les émissions de CO2, par rapport à 1990, induirait la création nette de 684 000 emplois en France. Un argument contre les pays qui mettent en avant la crise pour contester les ambitions européennes.

Alors que certains pays membres comme l’Italie remettent en cause l’objectif minimum de l’Union Européenne de baisser de 20% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, le WWF France publie une étude montrant l’intérêt économique et social de poursuivre ces objectifs. Selon cette étude, qui se base sur d’autres analyses internationales, européennes et nationales, la France gagnerait au moins 684 000 emplois avec une économie génèrant 30% de gaz à effet de serre de moins qu’en 1990.
L’étude se veut exhaustive : elle prend en compte l’ensemble des secteurs d’activités et inclut la destruction d’emplois dans les secteurs en décroissance  (activités relatives aux produits pétroliers, charbon, gaz, électricité, ainsi que construction automobile et commerce automobile), mais aussi les destructions ou créations d’emplois induits par l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages.

L’efficacité énergétique recrute
Ce sont les dépenses faites pour atteindre l’efficacité énergétique qui génèrent le plus d’emplois (564 000). Par exemple, les nouvelles lignes de transport ferroviaire vont créer des emplois dans les infrastructures, la construction de matériel ferroviaire et dans l’exploitation des lignes. Des emplois indirects seront également créés dans la chaîne de fournisseurs de ces secteurs (sidérurgie, métaux non ferreux…). Le secteur des énergies renouvelables créerait à lui seul plus d’emplois (316 000) que ceux détruits dans les filières énergétiques classiques (138 000) et automobiles (107 000).

D’autre part, l’étude du WWF émet l’hypothèse d’un baril de pétrole à 100 $ en 2020. Le scénario énergétique retenu (celui de NégaWatt, voir encadré) entraînerait donc une économie pour les ménages, synonyme de pouvoir d’achat. D’où un gain supplémentaire de 48 000 emplois (467 000 si le baril est à 150$).

Un scénario énergétique évinçant le nucléaire
Ce résultat net de 684 000 emplois créés se base sur une politique énergétique mettant la priorité sur la sobriété énergétique, puis l’efficacité énergétique et enfin les énergies renouvelables. Il s’agit de la stratégie conçue par les experts et praticiens de l’énergie de l’association NegaWatt en 2006. Les 684 000 emplois s’entendent par rapport au scénario « tendanciel » de 2005, avant la mise en place de mesures en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. « Un scénario faisant davantage appel […] au nucléaire et au stockage géologique de CO2 aboutirait probablement à un résultat beaucoup moins favorable à l’emploi » précisent les auteurs de l’étude.

 

Au sein  des énergies renouvelables, la plus grosse contribution aux créations d’emplois viendrait du bois, puis de l’éolien et ensuite du solaire thermique. Les énergies nouvelles, dans leur ensemble, contribueraient à 35% des emplois directs et indirects créés. La part des transports en commun est équivalente. Les mesures d’efficacité énergétiques liées à la chaleur (isolation dans le résidentiel et le tertiaire principalement) pourraient en créer 28%, l’efficacité énergétique des appareils électriques et des lampes 2%.

« Le bilan extrêmement positif sur l’emploi est principalement dû au faible contenu en emploi des secteurs en décroissance, en particulier les secteurs « produits pétroliers » et « gaz » […] et au fort contenu en emploi de certains secteurs dont l’activité se développe : bâtiment, transport routier et ferroviaire de voyageurs, solaire thermique et photovoltaïque, éolien… » conclut l’étude du WWF. Parmi les secteurs dont l’activité se contracte, seul le « commerce et la réparation automobile » présente un contenu en emplois supérieur à celui généré par la consommation des ménages. Pour autant, le WWF souligne l’importance d’accompagner socialement les travailleurs qui subiront les conséquences de cette politique climatique, suivant en cela les recommandations formulées par la Confédération européenne des Syndicats.
En dehors des considérations d’emploi, rappelons que -30% de GES en 2020 est un objectif d’étape pour parvenir à -80% en 2050, condition sine qua non maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Au-delà, le GIEC (groupe d’experts international sur l’évolution du climat) prédit des catastrophes planétaires incontrôlables.

Hélène Huteau
Mis en ligne le : 26/11/2008
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